

Je rompt le silence qui nous sépare, je m’approche vers l’un d’eux assis sur un mur, il est plus grand que les autres c’est peut être le chef, je lui dit en marocain
« Ça c’est l’usine de mon père quand j’étais petit »
Je suis le premier étonné, sans doute ais-je commis pleins de fautes de grammaire, mais il m’a compris, les mots son venus tout seuls, la musique en premier traçant le chemin des mots. « C’est vrai ?» Me répond il.
« C’est vrai ! Et en bas c’était ma maison, elle était en bois »
Je l’ai convaincu, alors il me prends en main, il connait cette usine comme sa poche, mieux, il n’a aucun mal à m’expliquer comment elle fonctionnait à l’époque de sa splendeur. La mémoire collective continue de traverser le siècle. Il me montre le pont bascule, du moins la fosse, la bascule a disparue. Il m’explique que les camions pesaient les olives ici avant de décharger là dans la fosse, de ça je m’en souviens parfaitement, puis les olives se vidaient par une trappe sur les meules géantes qui écrasaient les olives.
Tout le système est mécanique et génial. Papa a utilisé la pente naturelle pour concevoir l’usine. Au plus haut les olives vierges, au plus bas l’huile dans les cuves, que les camions venaient charger par gravitation.
C’est exactement comme cela qu’il me racontait parfois, pas bien souvent sa vie à Douirane. Comme les gens humbles, et à fort caractère, ce n’était pas un bavard mon père. Il fallait vite saisir les quelques mots qu’il lâchait, comme des perles rares. Tout est là a sa place au millimètre, je suis très fier de moi, je suis né dans la maison en bas, et je n’avais que 5 ans quand nous avons quitté ce lieu. C’est exactement comme je l’imaginais, c’est tout comme je le vis dans mes rêves et dans le livre que je viens de terminer
Il y a maintenant au moins 30 gosses autour de nous, ils me parlent m’entourent, aucun ne mendie quoi que ce soit, ils questionnent, ils veulent tout savoir, jouent dans les ruines, c’est tout.
Je descends le petit chemin pour me retrouver au pied de ma maison, la pente que je trouvais fort pentu gamin n’est qu’un petit rédillion. C’est là que vers mes 4 ou cinq j’aurai fait une chute de poussette. On m’a raconté cet épisode épique de ma jeunesse. Elle aurait dévalée la descente pour se retourner en bas. Je m’en sort sain et sauf, mais bariolé de mercurochrome rouge, depuis ce jour, me vint le doux et poétique surnom de « peau rouge »
Un ouvrier, juste derrière la maison coupe de l’Avoine à la serpe. Je l’aborde et lui raconte mon histoire. Lui aussi connaît bien la vie de cette usine il me demande :
« Alors c’est toi alors le français de la zizine » (l’usine en phonétique marocain)
« Non, c’était mon père »
« Quand ton père était là, l’usine faisait du bien au alentour, tout le monde se souviens de l’usine du français et du juif »
Il ajoute
« Tu te souviens des arbres immenses, des oliviers qui entouraient ta maison ? Tu as vu ils sont morts et aujourd’hui ce ne sont des rejets qui poussent »

(A SUIVRE......)
7 commentaires:
Bonjour Patrick
très beau récit et très bon débit.
Je l'ai lu d,une traite. dans un unique souffle et apres au lieu de prendre un verre d'eau j'ai pris ma ventoline.
bravo.
Majid
Bonjour majid
Quel grand plaisir de te revoir à nouveau parmi nous, et ton commentaire m'enthousiasme, je ne peux que te remercier, toi qui est reconnu par tes écrits et aussi par tes connaissances avec le dr mouhib sur le Maroc
merci et a bientôt
Patrick
Je n'avais pas encore découvert ce blog;
Tu as l'art de raconter.
Bon dimanche
Amitiés
Bonjour Patrick;en plus de la beauté du billet ;il y a de magnifiques photos.Merci pour ce récit nostalgique poignant et plein d'émotion .Amitiés Mouhib
bonjour vivaine
merci de ta premiere visite et de ton charmant commentaire
alors reviens cela me fait toujours tres tres plaisir
patrick
bonjour Dr Mouhib
merci de tes remarques tu sais qu'elles me vont droit au couer
nous pensons souvent a vous
patrick
on dieu!!!! que tu conte bien ton histoire.
Ca pourrait encore faire un bouquin du tonnerre.
j'adore.
Enregistrer un commentaire