jeudi 28 août 2008

suite et fin de l'episode Imintanaoute


Je remonte vers l’usine que je n’ai pas encore osé pénétrer à l’intérieur de ses murs, par respect, juste pour qu’elle s’habitue à ma présence. Pour le moment nous refaisons connaissance elle et moi, je ne voudrais pas l’effaroucher et violer son intimité.
Le gamin m’invite et m’entraîne à l’intérieur. Je suis soudainement bloqué devant les meules, et puis les pressoirs. C’est là que je goûtais la toute première huile vierge qui suintait du coeur des olives. C’est de là que papa appelait tout le monde pour la dégustation et le verdict tant attendu, fruit de leur labeur.
Je l’entends, il m’appelle, chut !!!!!!!!!!!
« Patrick dépêche toi, on goutte l’huile »
Il n’avait pas besoin de le répéter deux fois, ni de me chercher, j’étais toujours dans les parages, et j’accourai. Je prenais mon morceau de pain que je trempais gaillardement dans l’huile, et bien entendu c’était la meilleure huile d’olive du monde. Aujourd’hui, je suis assis sur les meules de granit, je les caresse, elles acceptent tendrement mon geste, elles se souviennent de moi, il y a si longtemps, environ 50 ans. Nous nous aimions.
Il y a deux heures que je me promène dans mon passé, j’ai fais le tour de chaque recoin, j’ai ausculté chaque parcelle de mon histoire, je dois partir. A cet instant le gamin me fais signe de le suivre dans une pièce plus ou moins secrète de l’usine, je ne comprends pas trop son histoire, mon père aurait capté de l’eau plus haut, elle s’écoulait dans un canal, qui faisait tourner les roues, Nous arrivons à la pièce, il me dit que dessous il y a une source, qu’elle a été bétonné, car de cette source coulait de l’huile d’olive !!!!! Il se baisse et me montre les énormes taches d’huile séchées. Je touche, palpe, c’est gras et ce n’est pas de l’huile de vidange lui demande ai-je ? Il m’en assure, les gens d’ici respectent l’usine, il ne la dégrade pas.
L’huile tente de s’échapper de son passé, et vient me rejoindre, de l’huile fabriquée à la période de papa !!!!
Je dois repartir. Je me fais la promesse qu’un jour je reviendrai, j’aimerai tant que mes enfants voient un jour cette usine. L’usine de leur grand père qui était si fier d’eux. Ils pourront eux aussi voir ce que Pépé Maurice a construit dans ce pays. Un civilisateur lui, a n’en point douter, pas un colonialiste.
Et moi je suis le plus fier des enfants. Dommage que nous n’ayons pas fait ce voyage à l’époque ou il aurait pu encore vibrer à la vue ces images.
Le paquet de bonbons y passe, distribution générale. Parmi ces gosses raconteront ils dans leur culture orale qu’un jour le fils du français de la « Zizine » est passé par là, il ne voulait pas abandonner ses racines à Mac Donald et Coca Cola.