Je me rend tout à coup compte que je lui parle marocain, tout naturellement, j’ai la musique et le son de ma langue adoptive, l’émotion vient sans doute de faire sauter le barrage de mes dernières résistances, mes dernières pudeurs. J’hésite encore, le verbe est tremblant. L’adjectif timide, je suis encore convalescent de 42 ans de sevrage, mais plein de mots nouveaux resurgissent (ecris phonétiquement)
Chejar (l’arbre
L’Rude (le bois)
Jdid (neuf)
Arjar (cailloux)
Lhai (la bas)
Et d’autres. Un mot revient et c’est une phrase qui se bouscule avec lui. Avec toujours le même procédé. En premier le son, la musique du mot, et puis il vient naturellement se présenter pour que je l’utilise.
De la maison il ne reste aussi que les fondations, c’est logique, nous logions dans un petit cabanon en bois. J’explique à chacun les pièces, là, la cuisine. Là, le frigo au pétrole car nous n’avions pas l’électricité, nous étions en 1954. Le soir c’était toujours ma mère qui montait sur une chaise pour allumer les petits réverbère à gaz suspendu au mur. Là, la chambre, là………
« Mais là regardez bien la cour en ciment, une fois en France je vous montrerai une photo, sur cette cour, un bambin à poil qui semble bien heureux, et une autre, ou ce cher bambin drague (déjà ?) Une gamine. »
Je jubile tout est en place, tant pis pour les murs disparus, les fleurs elles sont toujours là pour témoigner de ce passé. Je ne suis pas déçu, certains pleurent leur passé, je ne suis pas de ceux là. Certains pieds noirs ont la salle habitude de critiquer trop facilement ce que les marocains ont fait de l’héritage français. Il ne faut tout de même pas oublier aussi que c’est avec la sueur et les bras des Marocains que cela fut possible. Moi j’ai décidé d’être heureux, juste d’avoir mis mes pas dans ceux d’autrefois. Quand à la critique, je la laisse au bien pensant ceux qui savent tout sur tout, et qui n’ont rien compris à l’histoire de ce pays. J’ai trop souvent entendu la phrase :
« Si vous saviez ce qu’ils ont fait de notre propriété un vrai désastre !!!!!! Je ne peux y retourner pour ne pas avoir mal »
Moi je leur dit que s’ils ne veulent pas retourner vers leur passé c’est qu’il en ont honte, ou bien qu’il n’est pas celui qu’ils nous racontent. Je me demande : Ont-ils été des civilisateurs ou des colonialistes ? Je pense aussi que la décolonisation marocaine, ou si vous préférez le terme officiel, la « fin du protectorat » Marocain est un vrai gâchis. Les autorités Marocaines notamment le roi Mohamed v le grand guide de ce peuple demandait à ce que les français restent après l’indépendance de 1956, Mais comme dans tant de pays des radicaux souhaitaient un départ plus rapide comme celui d’Algérie de 1962. Les attentas sanglants se multiplièrent, les européens prirent peurs, et chacun leur tour sont rentrés au pays devenant ainsi des rapatries. J’ecris , mais moi aussi je ne sais rien, c’est juste un avis très personnel.
Chejar (l’arbre
L’Rude (le bois)
Jdid (neuf)
Arjar (cailloux)
Lhai (la bas)
Et d’autres. Un mot revient et c’est une phrase qui se bouscule avec lui. Avec toujours le même procédé. En premier le son, la musique du mot, et puis il vient naturellement se présenter pour que je l’utilise.
« Mais là regardez bien la cour en ciment, une fois en France je vous montrerai une photo, sur cette cour, un bambin à poil qui semble bien heureux, et une autre, ou ce cher bambin drague (déjà ?) Une gamine. »

« Si vous saviez ce qu’ils ont fait de notre propriété un vrai désastre !!!!!! Je ne peux y retourner pour ne pas avoir mal »
