mercredi 3 septembre 2008

"Quand je serai grand, je ferai berbere"


J’y suis………………………….Je vais être publié, mon autre blog va devenir un livre de souvenirs
il se nommera:"Quand je serai grand, je ferai berbere"
et c’est un vrai plaisir de jeune père. J’attends avec impatience de toucher le fruit de ce travail qui parfois m’a emmené vers d’autres horizons. Ecrire et décrire la vie de son père et ensuite creuser ses propres instants de vie, semble plus facile a dire qu’a écrireEt puis un matin « le masque d’or » Mon éditeur vous fait confiance, il tente l’aventure et croit en vousQue faire ?Accepter et vivre une autre vie, celle de l’accouchement, ce sera pour janvier.Je vous remercie tous, amis blogguer de votre soutien. Grâce à vos commentaires j’ai trouvé le courage quand ma plume se dérobait
(il y a une petite page pour vous à la fin du livre)
Amitiés littéraires
4eme de couverture
"Quand je serai grand, je ferai Berbère
Éditions du Masque d'Or COLLECTION PAROLES D’HOMMES
"Laissez vous entraîner par la saga de Maurice, l’orphelin de Lorraine, qui débarque au Maroc en 1926 pour y mater la révolte des tribus d’Abdel Krim. Suivez-le quand il s’opposera à l’armée américaine de Patton qui débarque au Maroc pendant la Seconde Guerre mondiale.Il aime passionnément le Maroc, mais Maurice sera pris dans la tourmente de ce pays qui cherche son indépendance. Meurtres sauvages d’Européens, réponse tribale de l’armée française et c’est l’engrenage dramatique. Il échappera à des attentats, il ne vivra plus qu’avec son revolver et sa grenade dans la poche.Le calme revient, Maurice trouve sa voix au Sud marocain en aidant les fellahs à développer leur agriculture, il est aimé et respecté, Maurice c’est sur mourra au Maroc.1965, le retour mystérieux vers la France : il découvre l’affreux nom de « Rapatriés », il est un étranger dans son propre pays, il souffre et sa famille aussi. C’est alors la longue adaptation à son nouveau pays. Maurice a 60 ans…"
pour lire quelques extraits, se rendre sur mon autre blog

jeudi 28 août 2008

suite et fin de l'episode Imintanaoute


Je remonte vers l’usine que je n’ai pas encore osé pénétrer à l’intérieur de ses murs, par respect, juste pour qu’elle s’habitue à ma présence. Pour le moment nous refaisons connaissance elle et moi, je ne voudrais pas l’effaroucher et violer son intimité.
Le gamin m’invite et m’entraîne à l’intérieur. Je suis soudainement bloqué devant les meules, et puis les pressoirs. C’est là que je goûtais la toute première huile vierge qui suintait du coeur des olives. C’est de là que papa appelait tout le monde pour la dégustation et le verdict tant attendu, fruit de leur labeur.
Je l’entends, il m’appelle, chut !!!!!!!!!!!
« Patrick dépêche toi, on goutte l’huile »
Il n’avait pas besoin de le répéter deux fois, ni de me chercher, j’étais toujours dans les parages, et j’accourai. Je prenais mon morceau de pain que je trempais gaillardement dans l’huile, et bien entendu c’était la meilleure huile d’olive du monde. Aujourd’hui, je suis assis sur les meules de granit, je les caresse, elles acceptent tendrement mon geste, elles se souviennent de moi, il y a si longtemps, environ 50 ans. Nous nous aimions.
Il y a deux heures que je me promène dans mon passé, j’ai fais le tour de chaque recoin, j’ai ausculté chaque parcelle de mon histoire, je dois partir. A cet instant le gamin me fais signe de le suivre dans une pièce plus ou moins secrète de l’usine, je ne comprends pas trop son histoire, mon père aurait capté de l’eau plus haut, elle s’écoulait dans un canal, qui faisait tourner les roues, Nous arrivons à la pièce, il me dit que dessous il y a une source, qu’elle a été bétonné, car de cette source coulait de l’huile d’olive !!!!! Il se baisse et me montre les énormes taches d’huile séchées. Je touche, palpe, c’est gras et ce n’est pas de l’huile de vidange lui demande ai-je ? Il m’en assure, les gens d’ici respectent l’usine, il ne la dégrade pas.
L’huile tente de s’échapper de son passé, et vient me rejoindre, de l’huile fabriquée à la période de papa !!!!
Je dois repartir. Je me fais la promesse qu’un jour je reviendrai, j’aimerai tant que mes enfants voient un jour cette usine. L’usine de leur grand père qui était si fier d’eux. Ils pourront eux aussi voir ce que Pépé Maurice a construit dans ce pays. Un civilisateur lui, a n’en point douter, pas un colonialiste.
Et moi je suis le plus fier des enfants. Dommage que nous n’ayons pas fait ce voyage à l’époque ou il aurait pu encore vibrer à la vue ces images.
Le paquet de bonbons y passe, distribution générale. Parmi ces gosses raconteront ils dans leur culture orale qu’un jour le fils du français de la « Zizine » est passé par là, il ne voulait pas abandonner ses racines à Mac Donald et Coca Cola.

lundi 14 juillet 2008

SUITE TOUJOURS...........


Je me rend tout à coup compte que je lui parle marocain, tout naturellement, j’ai la musique et le son de ma langue adoptive, l’émotion vient sans doute de faire sauter le barrage de mes dernières résistances, mes dernières pudeurs. J’hésite encore, le verbe est tremblant. L’adjectif timide, je suis encore convalescent de 42 ans de sevrage, mais plein de mots nouveaux resurgissent (ecris phonétiquement)
Chejar (l’arbre
L’Rude (le bois)
Jdid (neuf)
Arjar (cailloux)
Lhai (la bas)
Et d’autres. Un mot revient et c’est une phrase qui se bouscule avec lui. Avec toujours le même procédé. En premier le son, la musique du mot, et puis il vient naturellement se présenter pour que je l’utilise.
De la maison il ne reste aussi que les fondations, c’est logique, nous logions dans un petit cabanon en bois. J’explique à chacun les pièces, là, la cuisine. Là, le frigo au pétrole car nous n’avions pas l’électricité, nous étions en 1954. Le soir c’était toujours ma mère qui montait sur une chaise pour allumer les petits réverbère à gaz suspendu au mur. Là, la chambre, là………
« Mais là regardez bien la cour en ciment, une fois en France je vous montrerai une photo, sur cette cour, un bambin à poil qui semble bien heureux, et une autre, ou ce cher bambin drague (déjà ?) Une gamine. »
Je jubile tout est en place, tant pis pour les murs disparus, les fleurs elles sont toujours là pour témoigner de ce passé. Je ne suis pas déçu, certains pleurent leur passé, je ne suis pas de ceux là. Certains pieds noirs ont la salle habitude de critiquer trop facilement ce que les marocains ont fait de l’héritage français. Il ne faut tout de même pas oublier aussi que c’est avec la sueur et les bras des Marocains que cela fut possible. Moi j’ai décidé d’être heureux, juste d’avoir mis mes pas dans ceux d’autrefois. Quand à la critique, je la laisse au bien pensant ceux qui savent tout sur tout, et qui n’ont rien compris à l’histoire de ce pays. J’ai trop souvent entendu la phrase :
« Si vous saviez ce qu’ils ont fait de notre propriété un vrai désastre !!!!!! Je ne peux y retourner pour ne pas avoir mal »
Moi je leur dit que s’ils ne veulent pas retourner vers leur passé c’est qu’il en ont honte, ou bien qu’il n’est pas celui qu’ils nous racontent. Je me demande : Ont-ils été des civilisateurs ou des colonialistes ? Je pense aussi que la décolonisation marocaine, ou si vous préférez le terme officiel, la « fin du protectorat » Marocain est un vrai gâchis. Les autorités Marocaines notamment le roi Mohamed v le grand guide de ce peuple demandait à ce que les français restent après l’indépendance de 1956, Mais comme dans tant de pays des radicaux souhaitaient un départ plus rapide comme celui d’Algérie de 1962. Les attentas sanglants se multiplièrent, les européens prirent peurs, et chacun leur tour sont rentrés au pays devenant ainsi des rapatries. J’ecris , mais moi aussi je ne sais rien, c’est juste un avis très personnel.

mardi 8 juillet 2008

LA SUITE................................

Comme dans mon Aude adoptive quand je visite des châteaux cathares, je ne vois pas les ruines, mon imagination me suffit. Je vois les cathares en haut des murailles d’un château en effervescence, je vois Simon de Montfort le traître qui tente l’assaut. J’ai vu le bûché de Montségur ou 200 parfaits se jetterent dans les flammes, refusant de renier leur religion…….je vois encore…………..je revois l’usine et la noria de camion qui venaient déverser leurs grains de soleil, je vois les photos en noir et blanc que m’a laissé papa, pas de photos de l’usine, mais moi petiot 4 à 5 ans, elles défilent et je cherche là ou elles ont bien put être prises. Quand je pense avoir deviné, j’y dépose délicatement mes pieds d’adulte, et la vie se passe. Un bon de plus de 40 ans dans l’histoire, le lien est fait, je suis venu pour cela, uniquement cela. Je voulais mieux connaître et mieux comprendre mon père, vivre par contumace ce qu’il avait vécu, là ou il avait vécu, juste pour comprendre et savoir pourquoi nous avons quitté un jour ce pays. Mais aussi comme beaucoup je suppose retrouver ses racines, celles qui je crois font la différence entre le bien et le mal en ébauchant définitivement et profondément votre futur.
Des gosses s’approchent. Des touristes qui visitent une usine délabrée c’est bizarre, et très rare. Ils m’observent, un deux, trois quatre cinq dix vingt, au moins 20 gosses, plutôt 20 paires d’yeux interrogateurs m’observent, m’épient, me questionnent à distance respectable.
Je rompt le silence qui nous sépare, je m’approche vers l’un d’eux assis sur un mur, il est plus grand que les autres c’est peut être le chef, je lui dit en marocain
« Ça c’est l’usine de mon père quand j’étais petit »
Je suis le premier étonné, sans doute ais-je commis pleins de fautes de grammaire, mais il m’a compris, les mots son venus tout seuls, la musique en premier traçant le chemin des mots. « C’est vrai ?» Me répond il.
« C’est vrai ! Et en bas c’était ma maison, elle était en bois »
Je l’ai convaincu, alors il me prends en main, il connait cette usine comme sa poche, mieux, il n’a aucun mal à m’expliquer comment elle fonctionnait à l’époque de sa splendeur. La mémoire collective continue de traverser le siècle. Il me montre le pont bascule, du moins la fosse, la bascule a disparue. Il m’explique que les camions pesaient les olives ici avant de décharger là dans la fosse, de ça je m’en souviens parfaitement, puis les olives se vidaient par une trappe sur les meules géantes qui écrasaient les olives. En contre bas les ouvriers recouvraient les nattes de ce mélange écrasé pour le disposer sous les énormes presses, qui ensuite, lentement, avec douceur extrayaient l’huile qui coulait dans une cuve de décantation. Nous descendons, il me montre les deux cuves en ciment, enfouies sous nos pieds.
Tout le système est mécanique et génial. Papa a utilisé la pente naturelle pour concevoir l’usine. Au plus haut les olives vierges, au plus bas l’huile dans les cuves, que les camions venaient charger par gravitation.
C’est exactement comme cela qu’il me racontait parfois, pas bien souvent sa vie à Douirane. Comme les gens humbles, et à fort caractère, ce n’était pas un bavard mon père. Il fallait vite saisir les quelques mots qu’il lâchait, comme des perles rares. Tout est là a sa place au millimètre, je suis très fier de moi, je suis né dans la maison en bas, et je n’avais que 5 ans quand nous avons quitté ce lieu. C’est exactement comme je l’imaginais, c’est tout comme je le vis dans mes rêves et dans le livre que je viens de terminer
Il y a maintenant au moins 30 gosses autour de nous, ils me parlent m’entourent, aucun ne mendie quoi que ce soit, ils questionnent, ils veulent tout savoir, jouent dans les ruines, c’est tout.
Je descends le petit chemin pour me retrouver au pied de ma maison, la pente que je trouvais fort pentu gamin n’est qu’un petit rédillion. C’est là que vers mes 4 ou cinq j’aurai fait une chute de poussette. On m’a raconté cet épisode épique de ma jeunesse. Elle aurait dévalée la descente pour se retourner en bas. Je m’en sort sain et sauf, mais bariolé de mercurochrome rouge, depuis ce jour, me vint le doux et poétique surnom de « peau rouge »
Un ouvrier, juste derrière la maison coupe de l’Avoine à la serpe. Je l’aborde et lui raconte mon histoire. Lui aussi connaît bien la vie de cette usine il me demande :
« Alors c’est toi alors le français de la zizine » (l’usine en phonétique marocain)
« Non, c’était mon père »
« Quand ton père était là, l’usine faisait du bien au alentour, tout le monde se souviens de l’usine du français et du juif »
Il ajoute
« Tu te souviens des arbres immenses, des oliviers qui entouraient ta maison ? Tu as vu ils sont morts et aujourd’hui ce ne sont des rejets qui poussent »
Je ne me souvenais de ce détail, c’est même là que j’ai pris ma première cuite, si !si a 5 ans. J’ai terminé les aperos des grands, et sous les arbres en arabe je traitais le fils de notre invité le jeune fils Verjus de fils de P……. Pour vous dire si mon vocabulaire arabe était complet. J’ai envie de craquer, mais je m’étais promis que non, alors je demande poliment à mes larmes de ne pas se dévoiler, elles acceptent, elles comprennent et se retirent pudiquement.

(A SUIVRE......)

mercredi 2 juillet 2008

Marrakech-Agadir (suite)



« A Douirane il y a une usine d’huile d’olive en ruine elle appartenait au français et au juif »
Je frémis. Cela pourrait correspondre, bien que je ne sache pas trop ce que le juif vient faire au milieu de mon usine. Papa ne m’en avait jamais parlé, bien qu’il a toujours eu d’excellentes relations aussi avec les juifs du Maroc, qui souvent étaient les banquiers du pays. Sans doute était il le propriétaire, car papa n’en était lui que le directeur
Demi tour vers Douirane à seulement quelques km. Sur place je demande à quelques personnes assises à une terrasse. Même histoire, une usine….. Celle du français et du juif…….. Ils n’hésitent pas très longtemps, l’un d’eux m’indique.
Devant mes yeux interloqués de crédulité, qui ne comprend rien à son explication moult fois répétée, il se propose de m’accompagner. Il monte dans la voiture et je tente de lui parler un peu, du temps, et de l’usine, il dit oui à tout ce que je dis, je comprends rapidement que je dois améliorer ce fichu vocabulaire Marocain. On descend vers le bas du village, vers la mosquée qui pointe son doigt vers le ciel comme pour me dire « vient par ici ! » Un dernier virage, notre guide n’a pas le temps de me dire quoi que ce soit, j’exulte, l’usine !!!!
« C’est elle, il n’y a pas de doute », je comprends soudainement la fébrilité de Christophe Colomb, découvrant l’Amérique.
Je remercie mon guide avec dans les yeux toute la jubilation du découvreur de cité perdue. Je ne sais plus ce que je dois faire pour le remercier. Je tente la même expérience qu’avec le vieux de tout a l’heure, il refuse, j’ai beau tout tenter, il refuse, et s’en retourne à pied vers sa maison. Je suis là comme un con de français qui ne comprend plus rien à ces gens. Et j’enrage ! Ni à moi-même d’ailleurs ! La leçon de tout à l’heure ne m’a pas suffit. Faudra bien que je me fasse expliquer comment cela fonctionne.
Quand un marocain demande ou mendie, on nous recommande de ne rien donner, du moins de l’argent, et cela me semble judicieux. Bien que je ne tenterai pas la thèse philosophique de l’argent vite est mal gagné. Allez expliquer cela à celui qui a faim. Mais quand un marocain vous rend service sans rien demander comment le remercier ? J’ai vite compris la leçon, d’abord et tout simplement le remercier avec le cœur, il saura vous comprendre. S’il a des enfants un cahier et des stylos, c’est le plus beau et utile des cadeaux. Souvent aussi l’inviter à boire un verre de thé en toute amitié pour lui faire remarquer que vous avez apprécié son geste, ce signe simple est un geste qu’il apprécie. Je pense. Au secours DR Mouhib et S.Abdelmoumene expliquez moi !!!
Douirane, l’usine, elle est là ! Devant moi ! En ruine certes, les toits ont disparus. Sans doute servent ils aujourd’hui à des gens par là qui sont venu les démonter pour en profiter un peux. C’est bien, et c’est juste, papa aurait aimé cela plutôt que de les voire entièrement effondrés.
Douirane, il n’y a pas de mot pour m’exprimer, je ne retrouve même pas mes larmes, trop sèches. Et puis je n’ai pas envie de me plaindre sur mon passé. Je suis heureux de vivre ce présent.
Douirane, il n’y a pas de mots, je ne retrouve que la gorge sèche
Douirane, il n’y a pas de mot c’est dedans que tout se passe
Douirane, je fixe devant moi cette immense carcasse déshabillée et maquillée par le temps de graffiti en trois langues, Marocaine, Française et Anglais. Impudique devant moi, honteuse de se montrer sous ce jour, moi son fils qui buvait jadis sous son ombre, son huile nourricière.
(PS si vous voulez d'autres photos double cliquez sur le diaporama)
a suivre!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

lundi 23 juin 2008

Marrakech-Agadir en passant par Douirane

(Douirane vers 1956)


Je passe devant le village de Douirane sans le savoir, arrivé à Imintanaoute, je m’arrête à une gendarmerie pour demander et commencer mon enquête. J’explique mon passé. Trois ou Quatre gendarmes s’apitoient sur mon sort, l’un d’eux demande à une vieille bonne présente dans une autre salle
« Tu connais toi une usine d’huile d’olive à Imintanaoute ?
Elle cherche et ne semble rien trouver dans ses souvenirs perturbés de vielle dame. Ils semblent aimer mon histoire alors ils m’aident. Un gendarme qui parle bien le français, me prend en main et cherche. Rien à Imintanaoute ne correspond à ma recherche, il y a bien une usine à huile d’olive qui fonctionne, mais cela ne correspond pas trop a votre description, me dit l’un d’eux, il m’indique le chemin un peu en français une peu en Marocain. Je lui répond, il rigole, ce n’est pas bon signe, il m’a dit que j’avais un bon accent, modestement je lui ai répondu que mon Marocain s’en est allé malheureusement depuis plus de 40 ans.
J’y vais. Je me perds, je n’ai rien compris à ses explications, j’ai voulu faire le malin en baragouinant quelques mots de Marocains, et pourtant la musique était là
Sur le chemin, un vieux monsieur sur son âne résigné de carte postale, nous croise. Je lui demande ou est l’usine à huile, il ne comprend pas le français, pas un mot. Je dois me lancer, je ne sais pas nager le marocain, mais si prêt du but comment ne pas se jeter a l’eau, et plonger.
Il m’écoute et je suppose qu’il comprend quelques mots, c’est mieux que moi qui ne comprends rien à ses réponses, pourtant l’usine n’est pas loin, je le sens, je pense le comprendre. Alors il se propose de nous y amener, il fait faire demi tour à son âne, le revoilà parti en sens contraire de son chemin. Il a le temps. Le proverbe berbère dit « les pressés sont déjà morts » il passe devant. La Renault Logan suit patiemment derrière l’âne, nouvelle et future carte postale. Ce sera là dés le premier jour un des nombreux geste d’amitié révélateur de ce peuple si serviable. Nous arrivons. Rien ! Je ne reconnais rien, ce n’est pas là, il manque trop de chose à mes souvenirs, pourtant je suis sur de mes souvenirs de gosse et des photos noir et blanc qui défilent devant moi. L’usine, la maison, la pente. Myriam me dit
« Il y a 40 ans Patrick penses y »

(c'est moi qui prends le bain dans la cour de la maison de Douirane)
Ce n’est pas là ! J’en suis presque sûr. Je cherche un indice, j’ai tellement envie que ce soit là, mais en même temps je serai déçu que ce lieu soit ma jeunesse, ça ne ressemble en rien à mes souvenirs. Et j’ai confiance en mes souvenirs.
Le petit vieux, fait faire demi tour à son âne et s’apprête à s’en aller. Je m’approche de lui et lui serre la main avec quelques pièces dans la main, il refuse, je suis gêné, il n’a rien demandé, il a fait cela pour son plaisir, pas pour mendier
Je dois lui expliquer que ce n’est pas mendier, je voulais juste l’aider à un peu à mieux vivre quelques jours, quelques temps. Mes yeux, mes gestes, arrivent malgré tout à le convaincre. Je lui dis que c’est à moi qu’il fera plaisir en acceptant, il accepte donc. Je viens de prendre ma première leçon d’européen. On peut rendre service sans rien attendre en échange, meme si l’on manque de tout, sauf de son honneur, et ce petit vieux au visage fier et souriant en avait à revendre de l’honneur. Comme tous ceux de sa race.
Nous retournons chez les gendarmes pour lui expliquer que cela ne ressemble à rien à ce que je pense être l’usine de mon père. Mais entre temps notre ami avait téléphoné à des amis, il me dit
« A Douirane il y a une usine d’huile d’olive en ruine elle appartenait au français et au juif »Je frémis" (a suivre)

Le pitchou c'est moi, avec le camion de mon papa en 1958 regardez la porte il y a ecrit" huilerie cooperative"

dimanche 15 juin 2008

Enfin j'y suis !!!!!!

Les mois qui précèdent les voyages initiatiques de retour aux sources s’égrènent toujours trop lentement. Je sais par expérience que le séjour durera une seconde. Seuls les souvenirs pourront survivre encore quelques temps, juste le temps nécessaire pour y retourner.
Alors je j’égrène a rebours les mois, les semaines, les jours et enfin les heures.
Je suis dans l’avion, ce qui est bien, avec le décalage horaire, Marrakech n’est qu’à une demie heure.
Aéroport Marrakech Menara. "L'Atlas Blue" caresse le sol de l’aéroport, bizarrement je ne ressens rien de particulier j’en suis presque déçu. Ça viendra je le sais.
Bagages, louer la Logan, et nous diriger vers l’hôtel du centre ville. Je découvre éberlué la conduite spécifique des Marrakchis. Je suis né à l’hôpital cette ville à l’époque où les ânes y faisaient la loi. Aujourd’hui je n’en rencontre aucun. Que sont ils devenus ? Au musée ? Il ne subsiste que les calèches à touristes, qui convergent, aimantés vers la place Jmaa el Fnaa.
L’escale à Marrakech c’est juste pour la nuit, demain nous partons pour Agadir.
Et une voiture qui grille un feu !
Et un cyclo qui tente de me forcer le barrage !
Je m’arrête, à la française, derrière on me klaxonne, je n’allais pas l’écraser quand même !!
Et cet hôtel ! Pas de panneau de rue, on s’arrête, on demande. Le marocain a quelque chose de bien particulier, il veut vous rendre service, alors je soupçonne que même s’il ne connaît pas la route que vous lui demandez, il vous propose son idée à lui, un itinéraire né quelques juste secondes avant, issu de imagination fertile et feconde.
« Tu vas à droite »
« Tu vas à gauche »
« Tu vas tout droit »
Il leur arrive souvent même de montrer leur droite en te disant d’aller à gauche, je ne me moque pas cela m’arrive. Je fais semblant de comprendre et je cherche plus loin.
Plus loin ce n’est pas mieux.
C’est chouette, nous avons bien visité Marrakech by night. Alors on tourne en rond et en large
« Exprime toi en Marocain » me demande Myriam.
Mais comment parler une langue enfouie depuis 42 ans au fond de mes tripes douloureuses ? Je n’essaye même pas je ne me souviens que de très peu de mot
« Bonjour, bonsoir, demain aujourd’hui », et quelques autres, je ne sais pas compter non plus, je ne pense pas être d’un grand secours
Enfin l’hôtel. Beau, très beau. Il est tard, le restaurant va fermer, mais l’hospitalité aidant, les serveurs nous font signe d’y aller quand même. Repas rapide, self service, Tajines au pluriel, Couscous au pluriel, légumes aussi. Les fruits ne sont pas de reste malgré l’heure tardive. Nous y voila, ça y est je suis au sein de mon Maroc natal. Mon Maroc à nous deux. J’ai pris deux tajines, une au poulet et l’autre au poisson, j’en rêvais de celle au poisson.
Malgré l’heure tardive, nous avons envie de humer la ville. Bien que les échappements de voitures mal réglée ou plus vielles qu’Erode, prennent le dessus sur le parfum du thé à la menthe, du « Casbort », du cumin, du gingembre ou de la cannelle, je propose de boire un premier verre de thé à la menthe sur une terrasse. Le premier d’une future longue série.
Nous nous asseyons. Myriam casse une chaise déjà branlante, et se sent tout gêné, notre voisin nous apostrophe pour nous dire.
- N’hésite pas madame change la chaise »
Un peu plus il se levait pour le faire lui-même. Le thé est excellent, et les automobilistes continuent devant moi leur manège dangereux, ou chacun a su y trouver sa place, ponctué de coup de klaxonne que je ne trouve pas agressif, mais sans doute devenu héréditaire
Il se fait tard. Chambre dodo. Demain on part de bonne heure, pour Douirane, c’est vers Agadir l’usine d’huile d’olive de papa et la maison qui m’a vue naître. Je fébrile enfin ! Je dors bien, quelques images accourent pour me préparer à demain, j’aime cette attention.

lundi 9 juin 2008

Juste une photo

Pour ouvrir mon blog sur mon voyage, pelerinage au Maroc après 42 ans d’absence, j’ai choisi ESSAOUIRA la belle. Comptoir portugais, et ancienne grosse productrice de « Pourpre ». A mon époque la coquette se nommait MOGADOR, j’aime les deux noms, peu m’importe.
Au bout de la rue les murailles centenaires protégent la belle des envahisseurs aides par une lignée de cannons fidèles, à leur ville
Sur le port j’ai retrouvé les grillades de sardines de mon enfance avec mon père, un peu plus commerciales maintenant qu’en 1960, mais que faire ?
La ville bleue et blanche vous salue de son large sourire.